Life is where you see it

«Patience dans l’Azur», disait Hubert Reeves.

Alors que le temps s’écoule, lentement.
L’instant espéré que les éléments se mettent en place…
Rencontre intense.

Humble témoignage que Tout est là.  Il faut juste l’observer.
La patience permet au coeur d’écouter cette nature qui nous observe, entendre ce qu’elle nous dit, et aux yeux de s’accoutumer à l’obscurité afin de voir tout ce qui brille au plus profond de l’univers.

J’allais presque renoncer et rebrousser chemin après avoir longtemps -mais pas assez- attendu que la nature me parle.
Le brouillard gris de l’aurore était si opaque qu’on en perdait l’équilibre.  Je sentais que quelque chose devait se passer. L’instinct me dicta de rester. Encore…

Doucement, il apparut, comme un fondu enchaîné dévoilant ses formes. Ce cygne créa lui-même l’image. Irréelle.
Doucement, il s’évanouit, sans un son.

Je fus si heureux.

Sur les hauteurs de l’Himalaya, j’avais appris à converser avec les nuages et le soleil.

Scrutant le lointain dans le projet d’un cadrage expressif, à jouer des masses et des champs successifs, il me fallait rester bien calé et observer longuement la valse des couleurs.

Elles dansent au gré du vent qui bouscule les masques du ciel.
Soudain, dans mon dos, la percée offre le chemin au faisceau solaire qui frappe la roche.

Spectacle improvisé de ces géants face à moi. On croirait un volcan qui s’éveille. La lumière donne un éclat saisissant à la montagne qui se réchauffe soudain sur un contraste marqué par les avant-plans graves et immobiles.